Imaginez un apiculteur bio, installé depuis peu, refusé par les assurances agricoles classiques car considéré à haut risque en raison du changement climatique et de la fragilité des colonies d'abeilles. Une initiative de l'Économie Sociale et Solidaire (ESS) lui propose alors une assurance récolte innovante, basée sur des données météorologiques locales et le suivi de la santé des abeilles grâce à des capteurs connectés. Cette assurance paramétrique, déclenchée automatiquement en cas de perte de récolte due à des conditions climatiques extrêmes ou à une maladie des abeilles, garantit la pérennité de son activité. Cette approche, centrée sur l'accessibilité et l'adaptation aux réalités locales, illustre parfaitement le potentiel transformateur de l'ESS dans le secteur de l'assurance, en particulier pour les activités à faible impact environnemental. Les modèles traditionnels peinent à couvrir les besoins spécifiques de certaines populations et à intégrer les enjeux sociaux et environnementaux. L'ESS offre une alternative prometteuse, en plaçant l'humain et la solidarité au cœur de son action, et en favorisant le développement d'une économie plus verte.
L'Économie Sociale et Solidaire (ESS), avec ses principes fondamentaux de primauté de la personne, de gouvernance démocratique, de non-lucrativité ou de lucrativité limitée et de réinvestissement des bénéfices dans l'activité, occupe une place croissante dans l'économie française et européenne. Elle représente aujourd'hui plus de 10% de l'emploi en France, avec plus de 200 000 entreprises et associations actives dans des secteurs variés tels que la santé, l'environnement, l'agriculture, le logement et la finance. Face aux limites des assurances classiques, qui privilégient souvent la rentabilité au détriment de l'inclusion, de la prévention et de la durabilité, l'ESS propose des modèles innovants d'assurance, adaptés aux besoins spécifiques de ses membres et aux enjeux du développement durable. Ces modèles cherchent à répondre aux besoins non couverts, à réduire les inégalités d'accès à l'assurance, à promouvoir une économie plus responsable et à favoriser la transition écologique. L'objectif de l'assurance ESS est de protéger les personnes, les activités et les territoires, tout en contribuant à la construction d'une société plus juste et plus solidaire. Nous allons explorer comment l'ESS repense l'assurance, en analysant les failles du modèle traditionnel, les caractéristiques des nouveaux modèles d'assurance solidaire, leurs avantages et défis, ainsi que leur impact sur l'économie et la société.
Les failles du modèle d'assurance traditionnel et la nécessité d'une alternative d'assurance solidaire
Le modèle d'assurance dominant, axé sur la maximisation du profit et la standardisation des offres, présente des failles importantes en termes d'inclusion des populations vulnérables, de prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux, et de gouvernance démocratique. Ces limites nécessitent l'émergence d'alternatives plus adaptées aux besoins de la société et aux défis du XXIe siècle, notamment en matière de transition écologique et de lutte contre les inégalités. L'Économie Sociale et Solidaire (ESS), forte de ses valeurs et de son approche spécifique, se positionne comme un acteur clé pour repenser l'assurance et proposer des solutions innovantes et responsables.
Les limites de l'assurance classique
L'assurance classique présente des limites significatives en termes d'accessibilité pour les populations à faibles revenus, d'intégration des enjeux Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) dans les politiques d'investissement, et de gouvernance démocratique. Ces limites constituent des obstacles majeurs pour une assurance réellement au service de la société et du développement durable. La tarification basée sur le risque individuel, bien qu'économiquement logique pour les assureurs traditionnels, peut exclure des pans entiers de la population, notamment les personnes âgées, les personnes handicapées, les personnes atteintes de maladies chroniques, les travailleurs précaires ou les personnes vivant dans des zones géographiques à risque élevé (inondations, sécheresses, etc.). Les produits d'assurance sont souvent complexes et difficiles à comprendre, avec des clauses rédigées dans un langage juridique obscur, ce qui peut décourager les personnes les moins informées ou les moins à l'aise avec les démarches administratives. La recherche de la rentabilité à court terme conduit parfois à délaisser les segments de marché les moins lucratifs, tels que les petites entreprises, les associations ou les collectivités territoriales rurales, accentuant ainsi les inégalités d'accès à l'assurance. La non-intégration systématique des critères ESG dans les politiques d'investissement et de souscription est une autre limite importante de l'assurance classique. En 2022, seulement 15% des investissements des assureurs français intégraient des critères ESG.
- Tarification basée sur le risque individuel, excluant les populations vulnérables et les activités à faible marge.
- Complexité des produits, rendant l'accès difficile pour les personnes les moins informées et les petites entreprises.
- Accent mis sur la rentabilité à court terme, délaissant les besoins des populations marginalisées et les enjeux de long terme.
De plus, le financement d'activités polluantes ou socialement irresponsables, telles que les énergies fossiles, l'industrie du tabac ou l'armement, contribue à aggraver les problèmes environnementaux et sociaux. L'indemnisation se concentre souvent sur la réparation des dommages matériels, plutôt que sur la prévention des risques et l'accompagnement des personnes et des territoires face aux crises. Enfin, les structures décisionnelles opaques et la priorité donnée aux actionnaires et aux résultats financiers peuvent limiter l'implication des assurés et des territoires dans la gouvernance des compagnies d'assurance. Cela conduit à une déconnexion entre les besoins des populations et les offres proposées, et à un manque de transparence sur l'utilisation des fonds des assurés. La priorité est souvent donnée aux résultats financiers à court terme plutôt qu'à la création de valeur sociale et environnementale à long terme.
Les besoins non couverts et les nouvelles vulnérabilités face aux risques assurables
De nombreux secteurs d'activité et populations sont mal couverts par les assurances classiques, laissant des individus et des communautés entières exposées à des risques majeurs. Parallèlement, les mutations sociales et environnementales créent de nouvelles vulnérabilités, nécessitant des solutions d'assurance innovantes et adaptées. Les micro-entrepreneurs, les artisans, les agriculteurs pratiquant l'agriculture biologique ou paysanne, les associations et les travailleurs de l'économie informelle peinent souvent à trouver des assurances adaptées à leurs besoins et à leurs revenus. La complexité des démarches administratives, le manque d'information et les coûts élevés des primes peuvent constituer des obstacles insurmontables. L'agriculture paysanne, par exemple, est souvent considérée comme trop risquée par les assureurs traditionnels, en raison de sa dépendance aux aléas climatiques, de la diversité des cultures et des pratiques agricoles, et de la difficulté à évaluer les risques spécifiques liés aux pratiques agricoles durables. En France, seulement 30% des agriculteurs pratiquant l'agriculture biologique sont assurés contre les aléas climatiques.
- Micro-entrepreneuriat : difficultés d'accès à des assurances adaptées aux activités indépendantes et aux revenus variables.
- Agriculture paysanne et biologique : exposition aux aléas climatiques et aux risques sanitaires non couverts par les assurances classiques.
- Économie informelle et travailleurs précaires : manque de couverture sociale et d'assurance pour les risques liés à l'activité professionnelle.
Parallèlement, le changement climatique, la numérisation croissante, le vieillissement de la population et les nouvelles formes d'emploi créent de nouvelles vulnérabilités et de nouveaux risques. Les risques liés aux événements climatiques extrêmes, tels que les sécheresses, les inondations, les tempêtes, les incendies de forêt et les canicules, sont de plus en plus fréquents et intenses, menaçant les biens, les activités économiques, la sécurité des populations et la biodiversité. Les risques numériques, tels que les cyberattaques, les fraudes en ligne, le vol de données personnelles et la désinformation, sont en constante augmentation, affectant les entreprises, les administrations, les associations et les particuliers. La perte d'autonomie des personnes âgées pose des défis importants en termes de prise en charge et de financement des soins, ainsi que de prévention de la maltraitance. En 2023, on estime que 25% des personnes âgées de plus de 85 ans sont en situation de dépendance. Les nouvelles formes d'emploi, telles que le travail indépendant, le télétravail et le travail à temps partiel, créent également de nouvelles vulnérabilités en matière de protection sociale et d'assurance. Ces nouvelles vulnérabilités nécessitent des solutions d'assurance innovantes, capables de prévenir les risques, d'accompagner les personnes et les territoires face aux crises, de mutualiser les coûts et de favoriser la résilience. Prenons l'exemple d'un artisan d'art qui perd tous ses outils et ses matières premières suite à une inondation. Sans assurance adaptée, il risque de ne pas pouvoir reprendre son activité, de perdre son savoir-faire et de se retrouver en difficulté financière. L'assurance joue alors un rôle crucial pour assurer la continuité de son activité, lui permettre de se relever et de préserver son patrimoine culturel.
Les modèles d'assurance émergents dans l'ESS : panorama et spécificités pour les entreprises sociales
L'Économie Sociale et Solidaire propose une diversité de modèles d'assurance, portés par des acteurs tels que les mutuelles, les associations, les coopératives et les entreprises sociales. Ces modèles se distinguent par leur approche centrée sur l'humain, la solidarité, la responsabilité et la durabilité. Chaque type d'acteur a ses spécificités et ses atouts, mais ils partagent tous une volonté de répondre aux besoins non couverts, de réduire les inégalités d'accès à l'assurance, de promouvoir une économie plus responsable et de favoriser la transition écologique. L'objectif est de construire une assurance au service du bien commun, de la protection des personnes et des territoires, et du développement d'une société plus juste et plus solidaire.
Les différents types d'acteurs et leurs approches pour l'assurance des entreprises de l'ESS
Les mutuelles, les associations, les coopératives et les entreprises sociales jouent un rôle crucial dans le développement de modèles d'assurance alternatifs, innovants et responsables. Chaque type d'acteur apporte ses propres compétences, valeurs, réseaux et modes de gouvernance, contribuant à la diversité et à la richesse de l'offre d'assurance ESS. Les mutuelles, dont l'histoire remonte au XIXe siècle, sont des organismes à but non lucratif, gérés démocratiquement par leurs membres, qui sont à la fois assurés et décisionnaires. Elles se distinguent par leur gestion désintéressée, leur solidarité entre les générations et les catégories de population, leur proximité avec les assurés et leur ancrage territorial. Contrairement aux compagnies d'assurance classiques, les mutuelles ne versent pas de dividendes à des actionnaires, mais réinvestissent leurs excédents dans l'amélioration des services, la prévention des risques et la réduction des cotisations. En 2022, les mutuelles représentaient 22% du marché français de l'assurance santé, avec plus de 38 millions de personnes protégées.
- Mutuelles : gestion désintéressée, solidarité intergénérationnelle et gouvernance démocratique par les assurés.
- Associations : focus sur l'utilité sociale, la proximité avec les bénéficiaires et la défense des droits des personnes vulnérables.
- Coopératives : gouvernance démocratique, partage des bénéfices entre les membres et implication dans le développement local.
- Entreprises sociales : modèles hybrides combinant activité économique, impact social et environnemental, et réinvestissement des bénéfices dans la mission sociale.
Certaines mutuelles proposent des assurances inclusives pour les migrants, les réfugiés et les personnes en situation de précarité, en tenant compte de leurs besoins spécifiques et de leurs difficultés d'accès aux soins. D'autres développent des services de prévention et d'accompagnement social, allant au-delà de la simple indemnisation en cas de sinistre, par exemple en matière de lutte contre l'isolement des personnes âgées, de soutien aux aidants familiaux ou de prévention des risques psychosociaux au travail. Les associations jouent également un rôle important dans la création de solutions d'assurance alternatives, en particulier pour les populations les plus vulnérables et les secteurs les moins couverts par les assurances classiques. Elles sont souvent à l'initiative de la création de complémentaires santé solidaires, permettant aux personnes à faibles revenus de bénéficier d'une couverture santé de qualité. Certaines associations gèrent des fonds de garantie sociale, permettant de sécuriser les parcours professionnels des travailleurs précaires, des artistes ou des sportifs. Les coopératives, quant à elles, mettent l'accent sur la gouvernance démocratique, la participation des membres et le partage des bénéfices. Les membres de la coopérative sont à la fois assurés, propriétaires de l'entreprise et acteurs du développement local, ce qui leur donne un pouvoir de décision sur la gestion et l'orientation de l'activité. Les coopératives d'assurance agricole, par exemple, permettent aux agriculteurs de mutualiser les risques liés aux aléas climatiques, aux maladies animales et aux accidents de travail. Enfin, les entreprises sociales développent des modèles hybrides, combinant activité économique, impact social et environnemental, et réinvestissement des bénéfices dans la mission sociale. Elles cherchent à concilier performance économique et utilité sociale, en proposant des assurances innovantes répondant à des besoins spécifiques, par exemple en matière de transition écologique, de mobilité durable, d'économie circulaire ou de lutte contre la pauvreté. Par exemple, certaines entreprises sociales proposent des assurances paramétriques basées sur des données satellitaires pour les agriculteurs, permettant de déclencher automatiquement l'indemnisation en cas de sécheresse, d'inondation ou de grêle. D'autres développent des assurances crowdfunding pour les projets sociaux et environnementaux, permettant aux porteurs de projets de se protéger contre les risques de non-financement ou de défaillance.
Les caractéristiques communes et les innovations pour une assurance entreprise sociale
Malgré la diversité des acteurs et des modèles, l'assurance ESS partage des caractéristiques communes et se distingue par son approche innovante, responsable et solidaire. La priorité à l'accessibilité et à l'inclusion des populations vulnérables, l'accent sur la prévention des risques et l'accompagnement des personnes et des territoires, la gouvernance démocratique et participative, l'innovation sociale et technologique au service de la transition écologique, et la transparence sur l'utilisation des fonds sont autant d'éléments qui caractérisent l'assurance ESS. Ces caractéristiques se traduisent par des offres plus adaptées aux besoins des populations, une meilleure qualité de service, un impact social et environnemental plus important, et une plus grande confiance des assurés. L'assurance ESS se distingue par sa volonté de réduire les inégalités d'accès à l'assurance, en proposant des tarifs solidaires et progressifs, adaptés aux revenus des assurés et aux spécificités des activités. Elle simplifie également les offres et les processus, afin de faciliter l'accès à l'assurance pour les personnes les moins informées ou les moins à l'aise avec les démarches administratives. Des partenariats avec les acteurs sociaux, les collectivités territoriales et les entreprises de l'ESS permettent de toucher les populations les plus éloignées de l'assurance, et de construire des solutions adaptées aux besoins locaux.
- Priorité à l'accessibilité et à l'inclusion financière des populations vulnérables et des activités à faible marge.
- Accent sur la prévention des risques, l'accompagnement des personnes et des territoires face aux crises, et la promotion de la résilience.
- Gouvernance démocratique et participative, impliquant les assurés, les salariés et les partenaires dans les décisions.
- Innovation sociale et technologique au service de la transition écologique, du développement durable et de l'amélioration de la qualité de vie.
L'assurance ESS met également l'accent sur la prévention des risques et l'accompagnement des personnes et des territoires face aux crises, en proposant des services de prévention et d'éducation à la santé, à la sécurité, à l'environnement, etc. L'accompagnement personnalisé des assurés en difficulté permet de les aider à surmonter les obstacles, à retrouver une situation stable et à rebondir après un sinistre. L'investissement dans la recherche et l'innovation sociale et technologique permet de développer de nouvelles solutions d'assurance, adaptées aux besoins spécifiques des populations et aux défis du développement durable. La gouvernance démocratique et participative est une autre caractéristique essentielle de l'assurance ESS. Les assurés, les salariés et les partenaires sont impliqués dans les décisions, ce qui leur permet d'exercer un contrôle sur la gestion et l'orientation de l'activité. La transparence et la redevabilité sont garanties, afin d'assurer la confiance des assurés et des partenaires. L'engagement citoyen est encouragé, afin de favoriser la participation de tous à la construction d'une assurance plus juste, solidaire et responsable. L'innovation sociale et technologique est également un moteur de développement de l'assurance ESS. L'utilisation des nouvelles technologies, telles que les plateformes en ligne, les applications mobiles, les objets connectés, les données massives et l'intelligence artificielle, permet d'améliorer l'accès et la qualité des services, de faciliter les démarches administratives, de personnaliser les offres, de prévenir les risques, de gérer les sinistres et de suivre l'impact des actions. Le développement de nouveaux produits et services adaptés aux besoins spécifiques, tels que les assurances paramétriques, les assurances crowdfunding, les assurances à impact social et les assurances basées sur la blockchain, permet de répondre aux défis émergents et de favoriser la transition écologique. L'impact environnemental est également pris en compte, avec des investissements responsables, une limitation de l'impact des activités assurées, une promotion des pratiques durables et une sensibilisation aux enjeux écologiques. En 2022, on estime que 10% des contrats d'assurance ESS intégraient des critères environnementaux.
Avantages et défis des modèles d'assurance ESS : analyse des risques et de la rentabilité
Les modèles d'assurance ESS présentent des avantages potentiels importants en termes d'impact social, économique, environnemental et de gouvernance. Cependant, ils doivent également relever des défis financiers, organisationnels, de communication, réglementaires et éthiques. La capacité des acteurs de l'ESS à surmonter ces défis, à innover, à se professionnaliser, à se structurer et à coopérer sera déterminante pour le développement et la pérennisation de ces modèles, ainsi que pour leur capacité à transformer le secteur de l'assurance et à contribuer à une société plus juste, solidaire et durable. L'impact social de l'assurance ESS se manifeste par une réduction des inégalités d'accès à l'assurance, une amélioration de la qualité de vie des populations vulnérables, un renforcement du lien social et de la cohésion territoriale, une promotion de la citoyenneté et une défense des droits des personnes.
Les avantages potentiels des assurances pour l'économie sociale
En favorisant l'accès à l'assurance pour les personnes les plus exclues, en proposant des tarifs solidaires et des services adaptés à leurs besoins, l'ESS contribue à réduire les inégalités sociales et à améliorer la qualité de vie des populations vulnérables, telles que les personnes à faibles revenus, les personnes handicapées, les personnes âgées, les migrants, les jeunes ou les chômeurs. En soutenant les activités économiques à impact social et environnemental positif, en favorisant l'emploi local et en promouvant la consommation responsable, l'ESS contribue à renforcer le lien social et la cohésion territoriale. En impliquant les assurés, les salariés et les partenaires dans la gouvernance, en garantissant la transparence et en favorisant la participation citoyenne, l'ESS contribue à promouvoir la citoyenneté et à défendre les droits des personnes. L'impact économique de l'assurance ESS se traduit par la création d'emplois locaux et non délocalisables, le soutien aux activités économiques à impact social et environnemental positif, la contribution à la résilience économique des territoires et la promotion d'une économie plus circulaire et collaborative. Les acteurs de l'ESS privilégient les circuits courts, les fournisseurs locaux, les investissements socialement responsables et les partenariats avec les entreprises de l'ESS, contribuant ainsi à dynamiser l'économie locale et à créer des emplois durables. En 2021, l'ESS représentait 10% du PIB français et employait plus de 2,3 millions de personnes.
- Impact social : réduction des inégalités d'accès à l'assurance, amélioration de la qualité de vie des populations vulnérables et renforcement du lien social.
- Impact économique : création d'emplois locaux et non délocalisables, soutien aux activités économiques à impact social et environnemental positif et contribution à la résilience économique des territoires.
- Impact environnemental : promotion de pratiques durables, financement de projets environnementaux et réduction des risques environnementaux.
Par exemple, les mutuelles d'assurance santé proposent souvent des services de prévention et d'éducation à la santé, contribuant ainsi à améliorer la santé des populations, à réduire les coûts de santé à long terme et à lutter contre les inégalités sociales de santé. De plus, les investissements responsables dans des projets sociaux et environnementaux, tels que les énergies renouvelables, l'agriculture biologique, le logement social, l'éducation ou la culture, permettent de soutenir le développement durable des territoires et de créer de la valeur sociale et environnementale. Les modèles d'assurance ESS ont démontré leur efficacité et leur pertinence dans de nombreux domaines. L'assurance chômage solidaire pour les travailleurs indépendants, par exemple, permet de sécuriser les revenus des entrepreneurs en cas de perte d'emploi et de favoriser la création d'entreprise. L'assurance microfinance pour les petits agriculteurs permet de protéger leurs récoltes contre les aléas climatiques, de favoriser le développement d'une agriculture durable et d'améliorer leur niveau de vie. L'assurance santé mutualisée pour les populations vulnérables permet de garantir l'accès aux soins pour tous, quel que soit leur niveau de revenu, et de lutter contre les exclusions sociales. Ces exemples illustrent le potentiel transformateur de l'assurance ESS pour construire une économie plus juste, solidaire, durable et inclusive. L'impact environnemental de l'assurance ESS se manifeste par la promotion de pratiques durables et responsables, le financement de projets environnementaux, la réduction des risques environnementaux et la sensibilisation aux enjeux écologiques. En encourageant les assurés à adopter des comportements responsables, en soutenant les activités économiques à faible impact environnemental et en investissant dans les énergies renouvelables, l'efficacité énergétique et la protection de la biodiversité, l'assurance ESS contribue à lutter contre le changement climatique et à préserver l'environnement.
Les défis à relever pour une assurance socialement responsable
Bien que prometteurs, les modèles d'assurance ESS doivent relever des défis importants pour assurer leur viabilité, leur développement et leur capacité à transformer le secteur de l'assurance. Ces défis concernent notamment le financement, l'organisation, la communication, la réglementation, l'éthique et la mesure de l'impact. Assurer la viabilité économique des modèles ESS est un défi majeur. Les tarifs solidaires et progressifs peuvent limiter les marges bénéficiaires et rendre difficile la couverture des coûts, en particulier pour les activités à faible marge ou pour les populations vulnérables. Il est donc essentiel de trouver des sources de financement adaptées, telles que l'investissement socialement responsable, les subventions publiques, les dons, le mécénat et les partenariats avec les entreprises. La gestion des risques et des aléas est également un enjeu crucial, en particulier pour les assurances agricoles, les assurances liées aux événements climatiques extrêmes et les assurances couvrant les risques sociaux. Le développement de partenariats avec les acteurs publics et privés, la mutualisation des risques, la diversification des activités et l'innovation en matière de gestion des risques peuvent permettre de renforcer la viabilité économique des modèles ESS.
- Défis financiers : assurer la viabilité économique, trouver des financements adaptés et gérer les risques.
- Défis organisationnels : concilier réglementation et valeurs de l'ESS, maintenir la gouvernance démocratique et développer les compétences.
- Défis de communication : faire connaître les modèles ESS, convaincre les populations et lutter contre les préjugés.
- Défis réglementaires : adapter la réglementation, créer un environnement favorable et garantir la transparence.
Concilier les exigences de la réglementation et les valeurs de l'ESS est un autre défi important. Les acteurs de l'ESS doivent se conformer aux règles prudentielles et aux normes de solvabilité, tout en respectant les principes de gouvernance démocratique, de transparence, de non-lucrativité ou de lucrativité limitée et de réinvestissement des bénéfices dans la mission sociale. Maintenir la gouvernance démocratique et participative est un enjeu constant. Il est essentiel d'impliquer les assurés, les salariés et les partenaires dans les décisions, de garantir la transparence et de favoriser la participation de tous à la vie de l'entreprise. Développer les compétences et les ressources humaines est également un défi crucial. Les acteurs de l'ESS ont besoin de professionnels compétents, capables de gérer les risques, de développer des produits innovants, de communiquer efficacement avec les assurés, de mesurer l'impact social et environnemental de leurs activités et de s'adapter aux évolutions du marché. Faire connaître les modèles d'assurance ESS et leurs avantages est un défi de communication important. Il est essentiel de sensibiliser les populations, les acteurs économiques, les pouvoirs publics et les médias à l'intérêt de ces modèles, de démontrer leur efficacité et leur pertinence, de valoriser leurs spécificités et de lutter contre les préjugés et les idées reçues. Adapter la réglementation aux spécificités des modèles ESS est un défi réglementaire majeur. Il est essentiel de créer un environnement juridique et fiscal favorable au développement de ces modèles, en tenant compte de leurs spécificités et de leur contribution à l'intérêt général. Garantir la transparence, la redevabilité et l'éthique est également essentiel pour assurer la confiance des assurés et des partenaires. En 2023, 50 millions d'euros ont été consacrés au financement de projets ESS dans le secteur de l'assurance.
L'assurance ESS offre un potentiel considérable pour transformer le secteur de l'assurance, répondre aux défis sociaux et environnementaux de notre époque, et construire une économie plus juste, solidaire, durable et inclusive. Elle permet de proposer des solutions plus adaptées aux besoins des populations vulnérables, de soutenir les activités économiques à impact social et environnemental positif, de promouvoir une gouvernance démocratique et participative, de favoriser l'innovation sociale et technologique, et de contribuer à la transition écologique. Le soutien public, les incitations fiscales, le développement de partenariats, la sensibilisation des populations et la recherche et développement sont autant de pistes d'action pour favoriser le développement de ces modèles et maximiser leur impact. Les perspectives d'avenir pour l'assurance ESS sont nombreuses et prometteuses. Le développement de nouvelles technologies, la diversification des offres, l'internationalisation, la coopération entre les acteurs de l'ESS, l'intégration des critères ESG et la mesure de l'impact social et environnemental sont autant de voies à explorer pour construire une assurance au service du bien commun et d'un avenir meilleur.